Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
hulk-du-boxitan.overblog.com

Jamais sans mon chien!

Techniques de compression

Publié le 1 Juin 2013 par Philippe Roustant

La compression, en dressage, consiste à augmenter la motivation du chien pour une action précise tandis que, dans le même temps, on lui impose de respecter strictement une contrainte de positionnement ou de précision dans son action.
La résultante la plus visible de la compression, c'est l'intensité. C'est à dire l'application tendue et joyeuse du chien. Il vibre, quille les oreilles, ralentit ses mouvements de queue, adopte une posture haute et fière...bref, donne une image positive de notre travail. C'est ce qu'on appelle "une belle image!".
Il existe beaucoup de techniques différentes pour compresser un chien. Dans certains cas, cette compression est amenée par le type de montage...autant dire par la méthode!
Sans vouloir comparer plusieurs méthodes, il est évidents que celles qui demandent au chien d'être "actif" (au sens ou je l'ai déjà expliqué dans l'article "Chien ouvert et actif") c'est à dire, non seulement de réaliser des actions à l'ordre mais encore d'en proposer lui même pour obtenir le droit d'aller chercher sa récompense vont générer chez le chien une compression naturelle (au sens où elle vient de lui seul) bien supérieure. Entre le chien qui attend la récompense à la fin d'une action et celui qui mobilise toutes ses facultés psychiques et motrices pour avoir le droit d'aller cueillir le fruit de son labeur, il y a le fossé qui sépare le dressage de grand papa (que j'ai pratiqué!) et le dressage moderne.
Mais pour que le chien se compresse, il lui faut autre chose qu'une importante motivation faute de quoi il ne va produire que de l'excitation...Il lui faut une CONTRAINTE.
Lorsque j'emploie le mot contrainte, je l'emploie dans un sens beaucoup moins réducteur que les partisans des méthodes exclusivement positives (c'est à dire ceux qui n'envisagent aucune manipulation du chien, aucune longe ou laisse et qui ne conçoivent dans leur apprentissage que la punition négative.). Ma vision de la contrainte est beaucoup plus globale: Si mon chien est en train de faire connaissance avec une femelle en chaleur et que je l'appelle, c'est une contrainte! Le chien sait très bien qu'il est OBLIGE de venir, faute de quoi je vais aller le chercher (même sans le punir).
Ainsi, un ordre peut constituer une contrainte (apprise et tolérée mais contrainte quand même!) : Si je joue à la balle avec un autre chien devant le mien qui est couché, c'est une sacrée contrainte!
Toutes les sortes de colliers peuvent constituer des contraintes, reliés à des laisses ou des longes sur lesquelles on intervient soit pour générer un reforcement négatif, soit pour guider ou limiter le chien dans son déplacement. Tout cela est bien connu de tous et il est inutile de l'expliquer plus avant.
Ce qui est beaucoup moins connu c'est l'utilisation des stimuli aversifs pour générer une motivation supérieure. Ce type de contrainte réussit particulièrement bien avec les molossoïdes comme les Boxers ou les Rottweilers.
Rapelons qu'un molossoïde est essentiellement mono discriminant: Il ne choisit pas avec efficacité entre plusieurs proies disponibles pour sérier la plus facile à obtenir; il prend la première qui passe mais s'y accroche avec pugnacité et la défend avec ardeur. Il est, par exemple, plus difficile de le faire "switcher" (changer de balle) qu' un lupoïde, par essence multi-discriminant, qui est capable de s'intéresser à plusieurs proies en même temps afin d'en attraper le plus possible d'une manière presque compulsive.
Bref, notre molossoïde travaille plus facilement avec un boudin qu'avec une balle, car celui ci offre une situation de combat (simulé)avec son conducteur. Son plaisir n'est pas tant de saisir au vol que de défendre ce qu'il a conquis avec acharnement.
Un tel chien, qui a parfaitement modélisé les séquences de jeu de combat autorisées "sur" le maître, est tout à fait capable d'endurer des contraintes assez fortes si celles ci le rapprochent de son but.
Mieux: Les coups de colliers ou les ordres qui devraient le faire "redescendre" ne font qu'augmenter son envie de voir la séquence arriver à son terme: Le jeu.
Habituellement, lorsque la contrainte s'élève (soit dans son intensité, soit dans sa durée) le chien baisse progressivement jusqu'à "s'éteindre". Il ne manifeste plus aucun intérêt pour une récompense qu'il pense devenue inaccessible dans le temps ou dans l'espace.
Mais dans le cas de notre molossoïde, toujours prêt à combattre pour obtenir ce qu'il veut, l'effet est quasiment inverse: plus on augmente la contrainte plus l'envie se renforce: c'est l'essence même de la compression.
Ce comportement, presque naturel chez les molossoïdes, a besoin d'être construit chez les lupoïdes que sont nos BAT et Malinois.
Tout le monde sait que chaque fois qu'on a appliqué une forte contrainte, il est important de "regonfler" le chien, faute de quoi sa performance va diminuer et perdre tout relief.
Mais plus cette séquence est apprise, comprise, modélisée du chien ,plus la contrainte ou la punition auront un effet stimulant. Toute correction doit obligatoirement être suivie d'une séquence récompensée pour générer un maximum d'efficacité.
Pour faire comprendre cela au chien, il faut commencer par lui apprendre qu'une saccade de laisse vers l'arrière est souvent suivie d'une "ouverture" sur le jouet. La saccade sera appliquée graduellement et toujours constituée d'une double action (la même que celle appliquée en pistage devant un morceau de nourriture oublié et pour les mêmes raisons:la discriminer d'une simple retenue) faisant légèrement reculer le chien avant "d'ouvrir".
Le reste n'est qu'affaire de rigueur et de doigté pour construire un mode de communication applicable aux séances de dressage et qui génère du plaisir plutôt que du stress.
A terme, le chien monté de cette manière réagit comme un molossoïde : Toute correction augmente son intensité car il pense qu'elle va être suivie de la récompense. Aussi bizarre que ça puisse paraître à ceux qui ne connaissent pas bien la loi d'extension du conditionnement Pavlovien, il l'assimile à une récompense.
Pour finir , je ne résiste pas à vous mettre en copie ce que disait mon ami Max , un ringueur très observateur....:
"Je compare souvent la motivation/l'envie du chien avec les clowns à ressort qui sortent d'une boîte : - Si le ressort (motivation) est peu puissant, il ne va pas forcer le crochet de fermeture (obéissance/contrainte), mais au déclenchement de l'ouverture (commandement) le résultat ne sera pas vraiment dynamique, explosif et ne fera rire personne... - Si au contraire, le ressort est très puissant, à l'ouverture, le clown explose de sa boîte et aura l'effet de surprise escompté. Il arrive parfois que le ressort soit trop puissant pour le crochet et force l'ouverture (le chien déborde, anticipe...) Plusieurs remèdes: - le crochet (obéissance) est défectueux -> à renforcer - le ressort (motivation) est trop puissant -> à détendre ou agrandir la boîte - la boîte est trop petite -> changer de chien !!!!!!!!!!! LE tout étant de trouver l'équilibre crochet/ressort/boîte pour être au bord de l'explosion sans péter le crochet.... Je préciserai que plus le chien est fort de caractère, plus la boîte est petite, ce qui implique le ressort n'aura pas à être trop comprimé d'une manière générale. Si tu comprimes trop, que tu renforces trop ton crochet.... ben c'est la boîte qui pète.... bouh.... Mais je pense que les chiens de très très haut niveau qui pointent en championnat, sont des ressorts hyper- comprimés, avec des crochets en acier trempé, le tout sur une toute petite boite hyper blindée .....

Je vous laisse méditer sur ces sages paroles...

Commenter cet article