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Jamais sans mon chien!

L'impasse du tout positif

Publié le 26 Novembre 2012 par Philippe Roustant

Il y a une idée tenace qui fait beaucoup de mal dans le milieu du dressage canin et spécialement dans le domaine de l'obédience.

C'est la théorie suivant laquelle il est possible d'amener un chien en compétition en se basant uniquement sur des méthodes positives. J'utilise personnellement au maximum les méthodes positives et il est évident qu'elles représentent la meilleure manière et la plus rapide d'apprendre un nouveau comportement ou un nouvel exercice à un chien. Mais , outre qu'elles sont totalement inefficaces pour fiabiliser la relation hiérarchique et faire respecter les interdits , elles fonctionnent sur la croyance qu'une récompense ajoutée sera toujours préférée du chien par rapport à une situation de désobéissance.

c'est faux pour deux raisons essentielles:

-d'abord parce que le comportement indésirable peut constituer en lui même une récompense suffisante (se jeter sur un autre chien par exemple)

-Ensuite parce que ça suppose que la notion de peur ou d'inconfort n'existe pas sur un terrain de dressage, car ce sont des situations où le chien serait trop inhibé par ses sensations pour pouvoir restituer un conditionnement positif.

Donc, ça ne peut fonctionner que dans un milieu contrôlé.

Il y a alors deux façons de considérer le problème:

soit on pense qu'on évoluera toujours dans un univers contrôlé physiquement (orage, bruit, chiens mal socialisés ...etc...) et émotionnellement (désordre organique, phobie, stress, tension..etc...).On peut travailler toutes les situations imaginables (thérapie cognitive; Phénomène d'habituation) en priant le ciel que le chien ne ressente aucun inconfort à l'instant où on va lui demander d'exécuter tel ou tel exercice.

soit on dresse pour que le chien comprenne qu'il y a un caractère d'obligation dans la restitution de son dressage. C'est la notion de "devoir".

Lorsqu'on travaille à la nourriture ,on remarque rapidement une baisse de motivation après un pic d'intérêt qui représente le croisement des courbes entre les savoir faire et l'appétence. Il faut rapidement introduire des ruptures de rythme , voire des interruptions pour conserver la motivation. Une erreur commune à ce stade serait d'augmenter la qualité de la nourriture ,car on déplace juste le problème un peu plus tard.

Il faut au contraire augmenter l'exigence et demander des arrêts (faire languir!) pour que le chien apprenne à désirer. Il ne s'agit pas de raréfier la ressource, il s'agit de rendre son attribution dépendante du degré de motivation (rapidité, pulsation, intensité) perçu.

En ce sens , il n'est pas du tout impossible d'attribuer de grosses quantités de nourriture pour un seul exercice parfaitement exécuté. On amène là une notion de récompense doublement aléatoire (quand? et en quelle quantité?) sur laquelle je reviendrai.

Aujourd'hui, plus personne n'gnore que les chiens montés exclusivement au Clicker ne sont ni hiérarchisés ni capables de gérer le stress. Lorsqu'on constate l'exemple inverse, c'est soit qu'une double méthode a été employée (et dans ce cas, il est erroné de parler de chien monté exclusivement au CT) soit qu'une dose de devoir a été introduite a posteriori . Par ailleurs, le CT forme des chiens précis mais ni intenses, ni rapides au sens où nous les voulons en RCI . Les exigences de rapidité étant bien moindres en obédience, il est normal qu'on y rencontre plus d'adeptes.

Qu'on se comprenne bien: je ne fais aucunement le procès du clicker (que j'utilise par ailleurs) ; j'explique juste les limites de cette méthode. Pour apprendre des tricks à un chien lambda, chez lui,devant une caméra ...le CT est parfait . Pour empêcher un chien de se lever quand un autre vient lui renifler les fesses, le CT n'est d'aucun secours!

Lorsque je demande un exercice qu'il connaît bien à mon chien , il va le faire à une vitesse donnée qui est fonction de plusieurs facteurs: son biotonus, la qualité de mon dressage, la motivation pour une récompense possible et la qualité de notre relation.

si par hasard il a peur de quelque chose (foudre par exemple) , ou qu'il ressent un inconfort organique (gastro par ex), ou qu'il est blessé , ou qu'un de ses instincts le taraude (femelle en chaleur par ex...), sa vitesse risque bien d'être ralentie mais au final IL VA LE FAIRE! moins vite, moins précisément , moins joyeusement ..mais il va le faire!

...et la seule raison qui l'y poussera sera d'avoir compris qu'on DOIT faire certaines choses même si on n'en a pas très envie...

...un peu comme moi au boulot....

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P
Merci ! <br /> Clair, net,précis et tellement vrai. :-)
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A
rappelons d'abord que le clicker-training est un outil, pas une méthode. je l'utilise depuis des années, ainsi que la méthode positive dans le cadre de ma profession, et je ne vous comprends pas quand vous dites que c'est trop laxiste! des chiens qui ne veulent pas travailler, j'en ai eu et ça ne m'a pas pris longtemps de les mettre au travail en méthode positive. les punitions existent avec cette pratique. de plus il y a des personnes qui mènent les chiens à un haut niveau de compétition au clicker... Geert de Bolster pour ne citer que lui! je pense que pour être performant, il faut faire des formations avec des professionnels, régulièrement...
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C
très bon article ! je rajouterai juste une chose : rien ne se fait sans travail, que ce soit devoir, CT, recompenses , etc
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A
quel soulagement de lire quelques choses comme ca !! merci !!
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D
Très bel article !!! Tout est dit ! Merci pour ce partage !
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