Si vous pratiquez une discipline canine vous pouvez pousser plus loin votre "routine de la gamelle".
Précisons que je ne parle pas des friandises éventuellement utilisées pour travailler sur le terrain mais exclusivement du nourrissage quotidien (une ou deux fois par jour) .
Je n'entrerais pas dans le débat stérile de l’appétence comparée des différentes croquettes. Si vous êtes compétiteur vous avez pris soin de nourrir votre athlète avec un aliment de qualité qui lui assure un tonus et une santé qui lui permettent de fournir des efforts .
Pour ce qui concerne les quantités, trois points essentiels sont à respecter: La stabilité du transit, le volume de la musculature (côtes visibles à l'expiration) et le volume d'activité demandé.
Sans parler de placer le chien dans un état de survie alimentaire (Ce qui est pourtant le cas de tous les prédateurs à l'état sauvage) , il importe de permettre au chien de faire des choix : Lorsqu'il refuse de réaliser une action, ce peut être pour 3 raisons: 1) Il ne connaît pas suffisamment l'action demandée (et dans ce cas , il faut l'aider à la réaliser) 2) Il est en conflit avec cette action (souvent constaté sur le rapport d'objet) et donc avec vous (et la routine est l'occasion de désamorcer ce conflit) 3) Il n'est pas suffisamment motivé pour la réaliser (en clair: il n'a pas assez faim!) et vous devez respecter son choix.
Je suis toujours étonné de percevoir chez les compétiteurs autant de résistance à faire sauter un repas (ne parlons même pas de plusieurs repas...) . C'est pourtant un processus naturel chez les prédateurs (dont l'homme) d'être en capacité de sauter un ou plusieurs repas sans aucune conséquence pour sa santé.
Lorsque mon chien bute sur un exercice malgré mon aide, je le lui propose exclusivement au repas suivant sans jamais montrer ni ressentiment , ni colère. S'il le refuse au repas suivant, je prends garde d'adapter l'exercice la fois suivante afin de le conduire obligatoirement vers un succès.
Par exemple, au cours de la construction du rapport d'objet, j'ai appris à mon jeune chien (9 mois) à porter des bûches de chêne de 50 cm de long, d'un diamètre et d'un poids variable (jusqu'à 4 kgs) . Tant que je me suis placé dans une dynamique progressive, le chien a accepté de porter des bûches de plus en plus lourdes mais il a buté sur le fait de les ramasser au sol pour me les amener. Après 3 échecs (et donc 3 gamelles refusées), j'ai repris un apportable moyen pour refaire des gammes et amener le chien à réussir ce que je lui demandais. J'ai ensuite repris des bûches très légères afin de lui montrer 3 choses importantes.
1) Quand je te demande quelque chose, je vais t'aider à le réaliser. Je vais te rendre les choses plus faciles.
2) Je ne m'énerve pas. Je ne suis pas en colère contre toi. Je te félicite pour tous tes essais.
3) Si tu refuses de faire quelque chose malgré mon aide, tu devras attendre le repas suivant pour manger.
Lorsque un chien a compris ce système (à l'âge adulte) . Il devient intéressant de construire une séance complète de travail en échange de la gamelle entière posée à vue. Cette séquence peut soit être orientée sur une partie faible de son programme soit sur l'enchaînement de plusieurs exercices d'activation.
Ceux qui ont connu John Ekloff se rappellent de sa façon de travailler avec ses chiens : Les jeux de John! (divers ateliers d'obé dans lesquels on guide le chien à distance juste avec la voix )
Mon propre jardin est agencé de cette façon (avec plusieurs piquets, boxs d'activation , cibles, caches ,...etc...) et je demande au chien d'enchaîner plusieurs actions sans récompenses. Le chien monte en intensité et commence à agir de plus en plus vite, chaque action pouvant potentiellement déclencher l'accès à la gamelle. Il en vient même à anticiper la prochaine action , ce qui est interdit et ne doit jamais être validé car l'important c'est que le chien fasse ce qu'on lui a effectivement demandé et jamais ce qu'il PENSE qu'on va lui demander!
C'est une occasion en or pour apprendre à gérer l'énergie de son chien, son écoute, sa rapidité...bref: pour apprendre à le conduire.